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PARLEZ VOUS FRANCS ?

Certes, notre collectif ne s’intéresse qu‘indirectement au projet de construction de la maison des associations sur le site de la centrale de l’ancienne filature Le Blan devenue usine Gringoire. Notre collectif s’est constitué sur le projet de sauvegarde de ce bâtiment, après avoir appris la démolition programmée au lieu de l’aménagement annoncé de ce bâtiment. MAIS…

Madame le Maire, avait établi une belle démarche d’ouverture avec le collectif des associations, l’invitant à participer à l’élaboration du programme. En continuité, elle proposa à notre collectif de sauvegarde de participer au jury de concours. Une « construction » au lieu de la transformation-adaptation de l’existant ne nous intéressait plus. Nous considérions que le choix de construire un nouveau bâtiment était seulement celui des élus en charge de la commune. Cependant, par principe, par respect pour la démocratie (demander à de simples habitants de participer à un jury et de donner leur avis sur des projets) nous avons accepté de participer au jury.

Mais cette participation est une nouvelle occasion de désolation qui vaut bien la première !

Le jury de concours.

La première étape du jury concernait le choix, sur dossiers, de 4 architectes qui, une fois sélectionnés allaient pouvoir travailler au projet de la construction d’une maison des associations. Les candidats étaient nombreux (103) mais au terme d’une pleine journée, nous étions arrivés aux 4 sélectionnés. Tous les 4 avaient déjà œuvré dans l’aménagement de bâtiments existants, certains même très anciens… Cela nous parut de bonne augure.

Notre collectif se permit alors d’écrire aux 4 sélectionnés pour expliquer notre position. Aucun ne répondit. C’était bien normal et dans le respect de l’anonymat de la suite du concours. En revanche, l’absence de réponse des présidents des groupes politiques du Conseil Municipal de Mantes-la-Ville –auxquels nous avions envoyé copies- nous étonna davantage.

Dès cette première étape du jury de concours nous avions alerté sur le danger du pastiche. La remarque avait semblé suivie d’effet, puisque les termes de «l'image forte, emblématique aux yeux des élus locaux du passé industriel de la ville devra être retrouvée dans le parti architectural proposé.»  avaient disparu, le compte-rendu et la commande donnée aux 4 sélectionnés comportant seulement la mention de « politesse architecturale » au bâtiment promis à la démolition.

La deuxième étape fournit au jury 4 projets. Après une matinée d’examen et de réflexion, après avoir écouté les arguments des architectes conseils (CAUE, SAY, Ordre des architectes et MIQCP), ceux des élus, ceux des « personnalités associées » = un membre du collectif des associations et un membre de notre collectif de sauvegarde, chaque membre du jury a noté les 4 projets sans en connaître l’auteur, selon les critères d’esthétique et de respect du programme. Ces notes établissaient un classement, puis, ce classement ayant été validé par le jury ,on leva l’anonymat des 4 candidats et on prit connaissance de la rémunération qu’ils demandaient pour leur prestation (en % du coût de l’ouvrage à réaliser). Un calcul prenant en compte la note attribuée au dossier présenté et la rémunération demandée fut mené conformément aux dispositions prévues au concours. Il en ressortit une note « définitive »… et donc un lauréat. Madame le Maire nous ayant rappelé que le Conseil Municipal prendrait la décision finale nous nous quittâmes avec la conscience tranquille de ceux qui ont accompli leur devoir. Nous étions le vendredi 18 mars 2011.

Le collectif des associations découvre le lauréat.

Le mardi 22 mars, le collectif des associations fut réuni en mairie pour voir la présentation des 4 projets. Nous avions demandé que notre collectif soit représenté, mais cela nous fut refusé car notre collectif « n’avait pas participé à l’élaboration du programme »… et pour cause ! le collectif de sauvegarde s’est constitué après l’élaboration du programme et c’est nous qui avons prévenu le collectif des associations du projet de démolition qu’il ignorait.

Absents donc, le 22 mars, mais les amis des associations nous relatent la présentation. A notre grand étonnement, l’architecte classé 1er par le jury leur est présenté en 2ème position ! le conseil municipal prévu pour le lundi 28 mars, serait libre de suivre ou pas les recommandations du jury ?… Mais, quoi ? déjà ! le choix était fait ? l’avis du jury est il déjà enterré ? Fallait-il vraiment alors faire venir des architectes conseil, dont les organismes perçoivent une rémunération pour ces journées de jury (même si la ville a des conventions avec eux).

Sans plus d’illusions sur la qualité du débat démocratique ni sur celle de la sensibilité architecturale, nous assistons au Conseil Municipal du 28 mars. Pour voir le projet classé 2ème par le jury promu lauréat.

Ensuite le Conseil Municipal…

Vous direz, quoi ? c’est la réalité, le Conseil attribue le marché après le classement du jury. Certes, mais nous ne pouvons nous empêcher de penser à l’équipe d’architectes sélectionnée par le jury. C’est à dire, rappelons le, par des élus, des professionnels et des citoyens. Et nous n’osons imaginer leur déception si, par hasard, un fonctionnaire trop zélé de la mairie de MLV les avait prévenus dès le vendredi après midi que leur proposition était retenue. Leur déception quand ils verront que le projet choisi par le Conseil est un pastiche des plus complaisant, présenté dans un environnement d’arbres rouges « c’est joli de couleurs » sans doute des érables pourpres du Canada qui auraient soudainement poussé rue Camélinat, dans ce rude climat où, pour être « hors gel, les fondations doivent avoir plus de 60 cm de profondeur ». Et, plus grave, la présentation du projet retenu par le Conseil, pour être plus séduisante (on prendrait les décideurs pour des imbéciles ?) fait de graves entorses aux lois de la perspective et de la représentation sur plan comme l’avaient fait remarquer les architectes conseil.

A la place du candidat ainsi évincé, certains n’hésiteraient pas à déposer un référé au Tribunal administratif. On ne leur en tiendrait pas rigueur !

Le projet choisi par le jury présentait également ce que nous avions vu comme un avantage : implanté sur l’emplacement de l’actuel bâtiment (contrairement aux 3 autres projets), il pouvait presque l’englober, respecter la base fournie par la centrale construite en 1920 pour la filature Le Blan, partir de ce bâtiment et construire, avec les éléments établis par le programme, une maison des associations moderne et fonctionnelle. Nous avions vu avec espoir poindre la possibilité d’une sauvegarde.

La sauvegarde coûterait cher ?

Car,enfin, qu’est ce qui pousse les élus à la démolition de ce bâtiment ? Nous ne leur ferons pas l’injure de penser qu’ils n’ont pas perçu sa valeur architecturale et patrimoniale. Ils l’ont d’ailleurs largement vantée par écrit dans les différents journaux municipaux et dans la presse locale. Non, ce qui les pousse à démolir c’est le surcoût.

Alors parlons en de ce surcoût. On a entendu, on a lu le chiffre de 2 millions. D’où provient ce chiffre ? de quelle estimation ? de quelle étude technique et économique sérieuse ? pas d’information dans les écrits en question. Nous avons fait, de notre côté, une estimation, avec l’aide de concepteurs, habitués de ce genre d’opération bien sûr. On arrive à un surcoût d’environ 200 000 euros. Car il faut bien comprendre que les reprises faites sur le bâtiment existant ( telles que l’ étanchéité de la couverture, le remplacement des baies etc...) viendraient en déduction sur la construction nouvelle (on ne va pas refaire une couverture sur l’ouvrage réalisé à l’intérieur de l’existant !) De plus, la démolition suppose des frais qui, dans un aménagement, sont à soustraire. D’où peuvent bien venir ces 2 millions face aux 200 000 euros de nos spécialistes ? Une seule explication, il s’agit de 2 millions de francs !

Et, reprenant l’étonnante expression de « politesse architecturale », permettons nous une « politesse politique » en supputant que nos camarades de la Gauche Citoyenne ont été eux-mêmes abusés par ce « surcoût de 2 M » en élus responsables et de leur temps (progressistes ?) ils n’auront nullement envisagé qu’il puisse s’agir de francs et non d’euros !

Dans le sens de cette méprise, ces « 2 millions » étaient apparus dans le discours aux anciens lors du rituel banquet organisé en leur honneur… on pouvait alors penser que, s’adressant à des concitoyens dont certains ont l’âge de la filature, il était bienvenu d’utiliser des notions anciennes, voire dépassées pour un parti politique qui appelait à voter pour le traité constitutionnel européen. Autrement dit, parler en francs et non en euros.

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